RENCONTRE DEBAT
L’EAU BIEN SOCIAL OU BIEN MARCHAND? Le cas de la Bolivie
Avec la participation de M. Omar FERNANDEZ Dirigeant de la
«Coordination de l’Eau» à Cochabamba BOLIVIE
Lundi 14 Mars 2005 à 18 hrs.
CNEARC Amphithéàtre René Dumont 1101 Av. Agropolis (à coté de Agropolis Museum) Montpellier
Sur la planète, environ 1.4 milliard de personnes sont privées d’eau potable, alors que d’autres la gaspillent sans retenue. 3 millions d’hommes meurent chaque année par manque d’eau potable, les enfants étant les plus touchés (chaque jour, ce sont 6 000 enfants qui meurent pour avoir bu de l’eau polluée). Rien qu’en 2002, 7 millions de personnes sont décédées suite à des pénuries d’eau. 50% des fleuves de la planète sont touchés par une baisse du niveau d’eau ou par la pollution. L’agriculture intensive conduit à une consommation incontrôlée et à une pollution sans précédent.
Par ailleurs, même si 95 % des services de l’eau et d’assainissement sur la planète demeurent régis par les pouvoirs publics, se développe une tendance à la privatisation de ce service. Parmi les 4 leaders mondiaux de l’eau, 3 sont français:
· Veolia, ex-vivendi, avatar de la Générale des eaux, née en 1853
· Ondeo, filiale de Suez-Lyonnaise, créée en 1880
· Saur, propriété du groupe Bouygues jusqu’en novembre 2004 puis revendu au fonds d’investissement Paribas Affaires Industrielles (PAI).
Au point que l’on a pu parler du modèle français de gestion de l’eau. A elles 3, elles contrôlent 40 % du marché mondial de l’eau confié au privé et ce dans plus de 100 pays différents.
Sous l’impulsion des Institutions Financières Internationales et en particulier de la Banque Mondiale, un modèle de privatisation et gestion marchandes de l’eau s’est développé un peu partout sur la planète. La Bolivie n’a pas été à l’écart de cette tendance. Dans ce pays, en 1999 sera promulguée une loi sur l’eau qui ouvre à la possibilité de privatisation sous forme de concession pour succéder à une gestion municipale jugée peu rentable.
Durant cette même année, un contrat sera signé entre le gouvernement bolivien et la multinationale US Bechtel. Il s’agira de gérer l’eau dans la ville de Cochabamba. Après la signature de ce contrat, la première mesure prise sera le relèvement des tarifs qui pourra atteindre jusqu’à +300 % sans investissements initiaux programmés. La réaction populaire sera immédiate. Au mois d’avril 2000, de graves affrontements se produisent en plein centre-ville au point que l’on parlera de guerre de l’eau. Devant la violence de la réaction populaire, la multinationale est obligée de se retirer du pays. Aujourd’hui, la gestion de l’eau de Cochabamba est sous la responsabilité d’organisations populaires. Mais la situation reste critique.
Plus récemment, en janvier 2005, à La Paz et El Alto (ville qui surplombe la capitale), de nouveaux incidents se sont produits autour de la question de l’eau. Là aussi, la population exige le départ de la multinationale française Suez Lyonnaise des Eaux. Après une grève générale de 3 jours et de violents affrontements, les intérêts français ont du quitter le pays. La raison fondamentale de cette vive réaction populaire s’explique aussi par l’augmentation du niveau des tarifs pouvant atteindre jusqu’à +600%.
Ces exemples nous démontrent que des modèles de gestion fondés sur la privatisation et sur des logiques principalement centrées sur la recherche du profit ne sont pas adaptés aux conditions financières et sociales des populations à faibles ressources. Au niveau mondial ce modèle de gestion est en train de provoquer des ruptures et des situations insoutenables pour les populations locales. Au point que l’on peut affirmer que la gestion de l’eau sera sûrement l’un des problèmes majeurs de ce siècle.
Face à cette remise en question de la gestion mutualisée de l’eau et aux problèmes économiques, politiques et sociaux que cela soulève, il nous semble pertinent de nous poser les questions suivantes:
1. L’eau est-elle une marchandise comme les autres?
2. Comment répartir plus harmonieusement les ressources en eau?
3. N’est-ce pas un changement de consommation et de pratiques productives qui s’impose dans les pays développés?
Nous chercherons à répondre à ces questions et à bien d’autres encore au cours de la rencontre avec Omar Fernandez dirigeant de la «Coordinadora del Agua» de Cochabamba.
Le lundi 14 mars 2005 à 18 h à l’Amphithéàtre Rene DUMONT du CNEARC (Avenue Agropolis à côté d’Agropolis Muséum), Montpellier
Les organisateurs
COLLECTIF de SOLIDARITE avec l' AMERIQUE LATINE (COSAL)
CENTRE NATIONAL D’ETUDES AGRONOMIQUES DES REGIONS CHAUDES (CNEARC)
POLYTECH’ UNIVERSITE DE MONTPELLIER II